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Syndrome post-COVID-19 : ça va durer combien de temps ?

Par Shantel Aris, Analyste de la modélisation du risque de longévité, Club Vita Canada

Depuis 2020, nous assistons à l’évolution de nombreux concepts touchant la COVID-19. En ce qui concerne la persistance de symptômes de la maladie à long terme, on parle maintenant de syndrome post-COVID-19, de COVID de longue durée ou de « COVID longue ». Maintenant qu’elles disposent d’un plus grand nombre de données, les autorités de différents pays s’affairent à définir et à expliquer ce syndrome et les répercussions qu’il est susceptible de produire sur la santé des gens. En rédigeant cet article, nous avons voulu décrire la prévalence du syndrome post-COVID-19 au Canada et présenter certaines études qui examinent les conséquences possibles à long terme pour la santé. Nous nous sommes également penchés sur les effets possibles du syndrome post-COVID-19 sur la santé et la longévité futures, ainsi que sur les conséquences pour les employeurs, les régimes de retraite, les assureurs et le marché du travail.

Qu’est-ce que le syndrome post-COVID-19? 

L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) le définit comme la présence de symptômes pendant des semaines ou des mois après une affection aiguë de type COVID-19. Ces symptômes apparaissent de 4 à 12 semaines (court terme) ou plus de 12 semaines (long terme) après que le patient ait reçu un diagnostic de COVID-19.

Le gouvernement du Canada a dressé une liste de symptômes courants chez les adultes : fatigue, problèmes de mémoire, troubles du sommeil, essoufflement, anxiété, dépression, douleur et inconfort généralisé, difficulté à réfléchir ou à se concentrer et trouble de stress post-traumatique (TSPT). Selon diverses études, la fatigue est le symptôme le plus répandu.

Quelle est la prévalence du syndrome post-COVID-19?

Selon un article du Globe and Mail, on estime qu’entre 25 % et 50 % des Canadiens en âge de travailler qui ont été infectés par le virus de la COVID-19 pourraient avoir ou développer des symptômes post-COVID-19 susceptibles d’affecter leur santé ou de limiter leur degré d’activité pendant quelques mois, voire de façon permanente.

Environ 600 000 Canadiens en âge de travailler présenteraient un symptôme du syndrome post-COVID-19, dont environ 500 000 seraient atteints de fatigue chronique. (La période visée par ces estimations se terminant au début de décembre 2021, elles ne tiennent pas compte du variant Omicron.) En utilisant la même approche, le graphique ci-dessous présente les estimations mises à jour à la mi-mars 2022 pour divers symptômes du syndrome post-COVID-19. 

 Canadiens avec le syndrome post COVID charte

Source : première analyse de Jennifer Robson, professeure adjointe, programme d’études supérieures en gestion politique, Université de Carleton. Calculs effectués à partir du Tableau 13-10-0775-01, Informations préliminaires détaillées sur les cas de COVID-19, 2020-2022 : 4 dimensions (données agrégées) de Statistique Canada et des données de la Table consultative scientifique sur la COVID-19 de l’Ontario. Estimations mises à jour à la mi-mars 2022 par Club Vita.

Compte tenu du peu de données dont on dispose sur cette affection récente, il convient de mentionner quelques réserves quant à la certitude des estimations.

En premier lieu, les probabilités selon lesquelles on peut présenter certains symptômes après avoir contracté la COVID-19 sont dérivées d’une méta-étude sur des analyses du début de la pandémie. Les estimations établies à la mi-mars 2022 tiennent compte du nombre de cas qui a augmenté après l’apparition du variant Omicron; celui-ci provoque des symptômes moins graves selon les épidémiologistes. Il est donc possible que ces estimations soient exagérées. De plus, les études n’ont pas encore qualifié la prévalence du syndrome post-COVID-19 en fonction du statut vaccinal de la personne ou du variant qui l’a infectée. Il faudra suivre ce que les nouvelles données révèlent sur la manière dont ces facteurs influencent la prévalence du syndrome post-COVID-19.

En deuxième lieu, le nombre total de cas de COVID-19 n’est pas exactement connu, pour diverses raisons telles que la pénurie des tests au début de la pandémie, l’existence de cas asymptomatiques et, plus récemment, les limites imposées sur l’admissibilité aux tests dans certaines provinces. Nous savons qu’à la mi-mars 2022, il y avait eu au moins 3,3 millions de cas de COVID-19 au Canada. Par conséquent, le syndrome post-COVID-19 risque de frapper une grande partie de la population canadienne. Les résultats de l’enquête sur les infections à coronavirus (COVID-19) au Royaume-Uni montrent qu’environ 1,3 million de personnes dans des ménages privés, à savoir 2,1 % de la population britannique, ont signalé, au début de janvier 2022, des symptômes qui ont persisté plus de quatre semaines. Ces résultats sont conformes à ceux de la tranche inférieure des estimations canadiennes concernant la population en âge de travailler pouvant être atteinte du syndrome post-COVID-19. 

Malgré ces réserves, on peut prévoir que beaucoup de Canadiens en âge de travailler souffriront d’une incapacité.

Quels sont les effets à plus long terme sur la santé?

Diverses études menées dans le monde entier sur des patients atteints de COVID-19 et ayant déjà été hospitalisé ont permis d’en savoir un peu plus sur les conséquences possibles de cette maladie pour la santé. Une étude menée à Wuhan sur des patients atteints de COVID-19 et ayant déjà été hospitalisés révèle un phénomène inquiétant : 76 % des patients présenteraient encore des symptômes six mois après la première infection. Des tomodensitogrammes ont également montré une inflammation des poumons chez de nombreux patients, probablement à cause d’une pneumonie virale. Cet indice d’altération des organes est confirmé par des informations fournies par le National Institute for Health Research (NIHR) du Royaume-Uni : selon une étude, 78 % des patients hospitalisés présenteraient des anomalies à l’imagerie cardiovasculaire 10 semaines après leur sortie de l’hôpital. Une autre étude portant sur près de 50 000 patients ayant été hospitalisés pour la COVID-19 en Angleterre révèle que ceux-ci couraient un risque plus élevé de recevoir un nouveau diagnostic de trouble respiratoire, de diabète ou de maladie cardiaque, par rapport à des sujets non infectés par le virus.

La recherche sur les effets à long terme de la COVID-19 devient une priorité pour de nombreux pays, dont le Canada. Parmi les initiatives en cours figure l’Étude de cohorte prospective canadienne sur la COVID-19 (CANCOV), qui cherche à mieux comprendre les résultats à long terme chez les patients atteints de la COVID-19 et leurs caractéristiques uniques telles que les facteurs de risque génétiques et cliniques, l’état fonctionnel et neuropsychologique, le retour au travail, ainsi que les tendances en matière d’utilisation des soins de santé et le coût associé. Dans le cadre d’une autre initiative, l’Institut de recherches cliniques de Montréal a mis sur pied, en février 2021, une clinique post-COVID-19 qui étudie les effets du virus ainsi que les anomalies qui en découlent. Ces recherches ne font que commencer. 

Une enquête de Statistique Canada apporte un complément d’information sur les effets à long terme de la COVID-19, à savoir une augmentation du nombre de personnes employées ayant une incapacité liée à la santé mentale : leur proportion passe de 6,4 % en 2019 à 8,7 % en 2021. D’après Statistique Canada, compte tenu des nombreuses pertes d’emploi occasionnées par la pandémie, cette hausse serait surtout attribuable à une hausse de la prévalence de l’incapacité liée à la santé mentale chez les personnes qui occupent un emploi, et non à une progression de l’emploi parmi les personnes ayant une incapacité.

On espère que la poursuite des recherches permettra de mieux comprendre comment et pourquoi le virus provoque chez certaines personnes des effets post-COVID-19 à long terme, afin de trouver des traitements efficaces et de créer des programmes de soutien social pour les convalescents.

Syndrome post-COVID-19 et espérance de vie ajustée en fonction de la santé 

Le syndrome post-COVID-19 risque de compromettre la santé à long terme de nombreuses personnes. Mentionnons tout d’abord les effets directs potentiels sur la santé physique des gens, si les symptômes durent des mois, voire des années, et évoluent vers d’autres pathologies. Ensuite, il existe un risque d’effets indirects dus à la difficulté de mener des activités normales en raison des symptômes ressentis. Par exemple, les personnes qui souffrent de fatigue peuvent réduire leur activité et leur pratique de l’exercice et donc voir apparaître des problèmes de santé. La fatigue pourrait conduire les gens à réduire leurs heures de travail ou à prendre une retraite anticipée, entraînant des conséquences pour la stimulation intellectuelle et l’apprentissage à long terme – des activités qui, selon la recherche en neurosciences, peuvent aider à prévenir la démence

Le syndrome post-COVID-19 pourrait avoir des conséquences sur la santé financière de certaines personnes si les symptômes les empêchent d’obtenir une promotion ou de travailler, ou les obligent à prendre leur retraite plus tôt que prévu. Ce phénomène risque d’aggraver la crise de l’épargne-retraite, puisque les gens seraient plus nombreux à partir à la retraite sans avoir accumulé une épargne suffisante. D’après une enquête récente de Club Vita, plus de 50 % des répondants canadiens estimaient que leur épargne ne suffirait effectivement ou éventuellement pas à profiter d’une retraite confortable. Le syndrome post-COVID-19 risque d’augmenter ce pourcentage.

 Preparation a la retraite

Source : Bilan actuel - enquête de Club Vita sur la longévité, le mode de vie et les perceptions quant à la retraite, 2022.

Il est encore très tôt pour savoir exactement quels seront les effets du syndrome post-COVID-19 sur la santé physique, mentale et financière à long terme (et donc sur l’espérance de vie) des personnes qui en sont atteintes. Toutefois, les premières études font état de multiples risques et difficultés à long terme pour leur santé. 

L’une des façons de surveiller la santé à long terme d’une population consiste à mesurer l’évolution de l’espérance de vie ajustée en fonction de la santé (EVAS). EVAS mesure l’espérance de vie ajustée en fonction des années en mauvaise santé et ainsi représente une mesure générale des années que l’on peut espérer vivre en bonne santé. On assiste déjà à une divergence entre la hausse de l’EVAS et celle de l’espérance de vie, puisque les années en bonne santé ne suivent pas l’augmentation de l’espérance de vie.

 augmentation de EV, EVAS

Source : Organisation mondiale de la santé, Life expectancy and healthy life expectancy. Téléchargé le 28 mars 2022

Une société fonctionne mieux quand sa population reste en bonne santé le plus longtemps possible. Or, le syndrome post-COVID-19 risque d’allonger la période pendant laquelle les gens sont en mauvaise santé. On peut aussi prendre en compte les variations de l’espérance de vie et de l’EVAS d’un groupe socioéconomique à l’autre, phénomène qui est aggravé par le fait que la COVID-19 touche davantage les groupes socioéconomiques inférieurs. En surveillant l’écart entre l’espérance de vie et l’EVAS dans les années à venir, nous pourrons nous faire une idée de ces tendances émergentes. 

Qu’est-ce que cela signifie pour les employeurs, les régimes de retraite, les assureurs et le marché du travail?

On pourrait s’attendre à une prévalence accrue de l’incapacité en milieu de travail à cause du syndrome post-COVID-19. Dans un tel cas, les employeurs et les assureurs pourraient assister à une plus grande demande de garanties d’invalidité adéquates pour les employés qui ne peuvent plus travailler après avoir contracté la COVID-19. Les employeurs pourraient alors faire face à une hausse des coûts connexes. Les employeurs ont déjà connu d’importants effets à court terme. La durée moyenne d’hospitalisation au Québec, tous âges confondus, est de 15 jours, et passe à 22 jours pour les personnes aussi admises en unité de soins intensifs. À la lumière de cette information, les coûts de l’invalidité de courte durée pour un employeur peuvent être importants, si l’on tient compte à la fois de la période d’hospitalisation des employés et de leur temps de récupération à la maison.

Dans le cadre de la gestion des risques, de nombreux administrateurs et promoteurs de régimes de retraite tiennent compte du risque accru lié à la longévité en raison de la pandémie. Le syndrome post-COVID-19 est susceptible d’accroître la volatilité du risque lié à la longévité pour un régime de retraite; il doit donc faire l’objet d’un suivi et être pris en compte dans ce contexte. La hausse du taux de mortalité causée par un plus grand nombre de cas d’invalidité à long terme pourrait avoir une incidence sur les régimes de retraite. Selon les recherches de Club Vita, l’espérance de vie à l’âge de 65 ans pour un retraité invalide est inférieure d’au moins 4 ans à celle d’un retraité en bonne santé, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. On devra donc surveiller l’évolution de la situation afin de savoir si cette affirmation s’applique aux personnes touchées par le syndrome post-COVID-19.

De même, si le syndrome post-COVID-19 a une incidence sur les améliorations à long terme de l’espérance de vie, il se peut que les pays qui ont mieux maîtrisé la pandémie, comme le Canada, enregistrent des améliorations plus importantes que ceux qui ont été plus gravement touchés, comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Il pourrait s’ensuivre une plus grande divergence dans les projections d’espérance de vie d’un pays à l’autre. 

Enfin, un autre aspect à prendre en compte est l’effet du syndrome post-COVID-19 sur le marché du travail et l’économie canadienne. En utilisant l’estimation la plus basse (à la mi-mars 2022) d’environ 700 000 Canadiens en âge de travailler qui sont atteints d’un syndrome post-COVID-19, cela représenterait près de 2,8 % de tous les Canadiens en âge de travailler. Par conséquent, longtemps après le retour à la « nouvelle normalité », nous pourrions constater des effets importants sur le marché du travail si le syndrome post-COVID-19 influence les pratiques, la productivité et la participation de la population active, ce qui peut en fin de compte avoir des effets négatifs sur l’économie. 


Références

  1. Ontario COVID-19 Science Advisory Table, Understanding the Post COVID-19 Condition (Long COVID) and the Expected Burden for Ontario, https://doi.org/10.47326/ocsat.2021.02.44.1.0.
  2. Gouvernement du Canada, Syndrome post-COVID-19, https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/2019-nouveau-coronavirus/symptomes/syndrome-post-covid-19.html.
  3. Santé publique Ontario, Ce que nous savons jusqu’à présent sur les symptômes persistants et le syndrome post-COVID-19 chez les adultes, https://www.publichealthontario.ca/-/media/documents/ncov/covid-wwksf/2020/07/what-we-know-covid-19-long-term-sequelae.pdf?la=fr.
  4. The Globe and Mail, Seven charts that provide a glimpse of Canada’s labour market in the year ahead, https://www.theglobeandmail.com/business/article-charts-jobs/.
  5. Domingo FR, Waddell LA, Cheung AM, et al. Prevalence of long-term effects in individuals diagnosed with COVID-19: A living systematic review, https://doi.org/10.1101/2021.06.03.21258317.
  6. Gouvernement du Canada, Mise à jour quotidienne sur l’épidémiologie de la COVID-19, https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/resume-epidemiologique-cas-covid-19.html.
  7. Office for National Statistics, Prevalence of ongoing symptoms following coronavirus (COVID-19) infection in the UK: 3 February 2022, https://www.ons.gov.uk/peoplepopulationandcommunity/healthandsocialcare/conditionsanddiseases/bulletins/prevalenceofongoingsymptomsfollowingcoronaviruscovid19infectionintheuk/3february2022.
  8. The Conversation, How many people get ‘long COVID’ – and who is most at risk? https://theconversation.com/how-many-people-get-long-covid-and-who-is-most-at-risk-154331.
  9. National Institute of Health Research, Living with Covid19 – Second review,https://evidence.nihr.ac.uk/themedreview/living-with-covid19-second-review/.
  10. Canadian COVID-19 Prospective Cohort Study (CANCOV), https://cancov.net/our-research/our-progress/.
  11.  Institut de recherches cliniques de Montréal, https://www.ircm.qc.ca/fr/nos-recherches.
  12. Le Quotidien, Statistique Canada, Augmentation de l’incapacité liée à la santé mentale chez les travailleurs canadiens pendant la pandémie, 2021 https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220304/dq220304b-fra.htm.
  13. De bonnes raisons de se réjouir : le progrès en prévention de la démence depuis l’époque de mon père, https://clubvita.ca/articles/article39.html.
  14. Organisation mondiale de la santé, Life expectancy and healthy life expectancy, https://www.who.int/data/gho/data/themes/topics/indicator-groups/indicator-group-details/GHO/life-expectancy-and-healthy-life-expectancy.
  15. La Presse, Et si tout le Québec était triplement vacciné?, https://plus.lapresse.ca/screens/210937ef-f51a-4b80-9b50-e90fdc39582e__7C___0.html?utm_content=email&utm_source=lpp&utm_medium=referral&utm_campaign=internal+share.
  16. Organisation de coopération et de développement économiques, Working Age Population: Aged 15-64: All Persons for Canada [LFWA64TTCAM647S], consulté sur FRED, Federal Reserve Bank of St. Louis; https://fred.stlouisfed.org/series/LFWA64TTCAM647S, 1er avril 2022.




Shantel Aris

Shantel Aris, Analyste de la modélisation du risque de longévité, Club Vita Canada 

Shantel Aris possède de multiples compétences en modélisation statistique et actuarielle, dont plus de cinq ans d’expérience en régimes de retraite, assurance et réassurance. Elle a commencé sa carrière en administration de régimes de retraite en Jamaïque avant d’obtenir une maîtrise en mathématiques de l’Université de Waterloo, où elle a travaillé comme assistante de recherche. Sa recherche de maîtrise portait sur la conception de rentes intégrant des éléments de partage des risques de longévité. Shantel a ensuite cosigné la publication de l’Institut C.D. Howe intitulée « Greener Pastures: Resetting the Age of Eligibility for Social Security Based on Actuarial Science ». 

Entrée au service de Club Vita en janvier 2021, elle a reçu le mandat de contribuer aux initiatives de recherche canadiennes et internationales de Club Vita par des travaux de modélisation et d’analyse d’expérience. Également, elle traite et évalue la qualité des données soumises par les membres de Club Vita, en plus de conduire des analyses d’expérience fondées sur ces données et de rédiger des rapports analytiques détaillés sur la longévité, développant ainsi son expertise en la matière. Dans ses fonctions précédentes chez RBC Assurances, Shantel était responsable de l’analyse des données sur la longévité, de l’analyse d’expérience, de la modélisation prédictive et de la recherche sectorielle à l’appui de la tarification des contrats de réassurance de rentes.