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L’investissement en agriculture canadienne : générer des rendements soutenus et assurer l'avenir

Par Andrea Gruza, présidente et associée gérante, Bonnefield Financial
avril 30, 2025

Les récentes menaces tarifaires, autant celles proposées qu’imposées, ont relancé le débat concernant le nationalisme économique et l’importance de soutenir les industries canadiennes. Les investisseurs, en particulier les acteurs institutionnels, notamment les gestionnaires de fonds de pension, cherchent de plus en plus à allouer des capitaux au niveau national pour renforcer l’économie du pays tout en obtenant des rendements intéressants. Cet intérêt renouvelé pour l’investissement au Canada représente une occasion unique de canaliser des capitaux vers des secteurs sous-financés, mais vitaux au plan stratégique, dont le plus irréfutable est l’agriculture.

L’agriculture n’est pas seulement un pilier essentiel de l’économie nationale; c’est un secteur dont les fondements sont solides, qui présente des avantages concurrentiels importants et qui joue un rôle de premier plan dans la sécurité alimentaire. Cependant, malgré ces atouts, l’agriculture canadienne a souffert d’un manque d’investissements privés par rapport à d’autres secteurs. En orientant des capitaux vers ce secteur, les investisseurs institutionnels ont une occasion unique d’obtenir des rendements intéressants ajustés en fonction du risqueet de se protéger contre la volatilité, tout en contribuant à la résilience et à la durabilité de l’économie nationale.

Le défi du sous-investissement au Canada

Au cours de la dernière décennie, le Canada a connu une baisse inquiétante des investissements en capital comparativement à ses pairs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Entre 2011 et 2015, le Canada s’est classé au 37e rang sur 47 pays de l’OCDE en ce qui concerne l’investissement global en capital, et de 2015 à 2023, il a encore reculé, occupant la 44e place. Ce manque d’investissement a de graves répercussions sur les industries dans toute l’économie, y compris l’agriculture.

Dans le secteur agricole en particulier, le sous-investissement s’est traduit par une perte d’efficacité, un ralentissement de la modernisation et une dépendance croissante à l’égard des marchés étrangers pour les fonctions de transformation et de chaîne d’approvisionnement. Les investissements annuels en capital dans les équipements et les machines agricoles sont demeurés inférieurs à l’amortissement pendant plus de 15 ans, ce qui a entraîné un déficit cumulé d’environ 9 milliards de dollars1. Ce manque à gagner a non seulement eu pour effet de limiter la productivité, mais il a également entravé la capacité du Canada à tirer pleinement profit de ses avantages agricoles naturels, notamment un solide réseau d’exploitants établis et prospères pour lesquels le capital constitue un frein à leur croissance.

De plus, la forte dépendance du Canada envers des pays comme les États-Unis et la Chine pour la transformation agricole expose l’industrie aux risques géopolitiques et aux fluctuations du marché. Compte tenu des incertitudes entourant le commerce international et les tarifs douaniers, il n’a jamais été aussi impératif de développer les infrastructures de transformation nationales et de renforcer les chaînes d’approvisionnement locales, ce qui permettrait non seulement d’atténuer ces risques, mais aussi de créer des emplois, d’améliorer la sécurité alimentaire et de renforcer la position du Canada parmi les chefs de file mondial de l’agriculture.

Pourquoi l’agriculture canadienne est un investissement intéressant

Pour les investisseurs institutionnels, en particulier ceux qui gèrent des fonds de retraite, l’agriculture se veut une proposition de valeur irrésistible. Contrairement aux secteurs surpeuplés à l’intérieur desquels la concurrence pour les actifs peut faire diminuer les rendements ou compliquer la recherche d’occasions intéressantes, l’agriculture demeure un secteur où les investissements sont relativement insuffisants, ce qui crée des occasions de grande qualité, disponibles à des évaluations intéressantes. Il existe plusieurs facteurs clés qui expliquent pourquoi l’agriculture canadienne constitue une opportunité d’investissement exceptionnelle :

1. Des conditions macroéconomiques favorables

Étant donné que la population mondiale devrait atteindre près de 10 milliards de personnes d’ici 2050, la demande alimentaire devrait connaître une hausse de 35 % à 56 %2, 3. Parallèlement, la superficie totale des terres arables dans le monde diminue et, dans de nombreuses régions, les terres existantes sont soumises à des conditions agricoles changeantes. Le Canada, en raison de l’abondance de ses terres arables, de ses ressources en eau enviables et d’un climat de plus en plus favorable à la diversification et à la production des cultures, est bien placé pour répondre à cette demande sans cesse croissante. Le Canada pourrait augmenter considérablement sa production agricole, tant du point de vue de la production primaire que de la transformation à valeur ajoutée, ainsi que sa part du marché mondial, malgré d’éventuels droits de douane américains.

2. Une stabilité et une protection contre l’inflation

Les terres agricoles et les investissements en agriculture ont historiquement offert des protections efficaces contre l’inflation. Contrairement aux catégories d’actifs plus volatiles, la valeur des terres agricoles et les prix des denrées alimentaires ont tendance à augmenter parallèlement à l’inflation. C’est pourquoi il s’agit de possibilités intéressantes pour les investisseurs en quête de stabilité dans un contexte économique incertain. De plus, les rendements des terres agricoles ont historiquement été solides, présentant un faible degré de corrélation avec les marchés traditionnels des actions et des obligations. De nombreux transformateurs agricoles misent sur des modèles d’affaires axés sur le « prix de revient majoré », qui procurent une protection similaire contre l’inflation en aval de la chaîne de valeur.

3. Des possibilités d’investissement diversifiées

L’agriculture canadienne offre un large éventail de possibilités d’investissement dans toute la chaîne de valeur, ce qui permet aux investisseurs institutionnels d’adapter leur exposition en fonction de leur propension face au risque et de leurs objectifs de rendement. Qu’il s’agisse de la propriété directe de terres agricoles, d’entreprises de technologie agricole, de projets d’infrastructure ou d’investissements de capitaux privés dans des entreprises agricoles, le secteur offre une multitude de possibilités d’obtenir des rendements durables à long terme.

Plus particulièrement, les stratégies d’investissement axées sur la durabilité ont gagné du terrain, de nombreux exploitants agricoles ayant intégré dans leurs modèles d’affaires des pratiques agricoles régénératrices, des initiatives de séquestration du carbone et une gestion durable de l’eau. Ces initiatives sont très bien harmonisées avec les priorités environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui guident de plus en plus l’allocation des capitaux institutionnels au Canada.

Éliminer les obstacles à l’investissement

Malgré une thèse d’investissement solide, la participation des institutions dans l’agriculture est relativement limitée en raison des obstacles perçus. Les principaux défis sont les suivants :

  • Fragmentation du marché : le secteur comprend de nombreux exploitants privés de petite et moyenne taille, de sorte qu’il est difficile de déployer efficacement des capitaux à grande échelle.
  • Problèmes de liquidité : les investissements agricoles sont, de par leur nature, davantage à long terme, ce qui peut être difficile à gérer pour certains investisseurs.
  • Connaissance limitée du secteur : de nombreux investisseurs institutionnels connaissent mal les marchés agricoles, ce qui crée de l’incertitude quant aux attentes en ce qui concerne les risques et le rendement.

Ces défis ne sont toutefois pas insurmontables. En s’associant à des gestionnaires de placements agricoles d’expérience, les investisseurs institutionnels peuvent acquérir l’expertise nécessaire et trouver des solutions de structuration pour naviguer efficacement dans le secteur. Bonnefield, par exemple, a joué un rôle de premier plan en facilitant les investissements institutionnels dans les terres et les entreprises agricoles canadiennes et en proposant des solutions d’investissement sur mesure qui répondent aux préoccupations en matière de liquidités, tout en offrant des rendements stables à long terme.

Renforcer l’agriculture canadienne grâce à des investissements judicieux

Pour les gestionnaires de fonds de pension et les investisseurs institutionnels canadiens, l’agriculture présente deux caractéristiques particulières : une importance stratégique nationale et un fort potentiel d’investissement. Alors que les incertitudes commerciales mettent en lumière la nécessité d’investir au niveau national, l’agriculture va bien au-delà du devoir patriotique : c’est aussi l’occasion de tirer profit d’une catégorie d’actifs résiliente et sous-évaluée.

Pour ceux qui aimeraient explorer cette possibilité, l’établissement d’un partenariat avec des gestionnaires de placements expérimentés comme Bonnefield peut donner accès à des occasions bien structurées et adaptées au risque. À mesure que la dynamique des marchés mondiaux évolue, la marge de manœuvre pour obtenir des investissements agricoles de premier ordre diminue. Il est temps d’agir, non seulement pour l’avenir économique du Canada, mais aussi pour les rendements financiers intéressants qu’il offre aux investisseurs avant-gardistes.




Sources :

  1. Statistique Canada, Tableau 34-10-0036-01, « Dépenses en immobilisation et réparations, actifs corporels non résidentiels par industrie (x 1 000 000) »; tableau 32-10-0049-01, « Dépenses d’exploitation agricoles et frais d’amortissement (x 1 000) ».
  2. Suzuki, Emi, « Indicateurs du développement dans le monde », Banque mondiale, juillet 2019. 
  3. Van Dijk, Michael, « A Meta-Analysis of Projected Global Food Demand and Population ad Risk of Hunger for the Period 2010-2050 », Nature Food, juillet 2021.



Andrea Gruza, présidente et associée gérante, Bonnefield Financial

Andrea Gruza, présidente et associée directrice, Bonnefield FinancialAndrea Gruza est présidente et associée directrice de Bonnefield Financial, un important gestionnaire d'investissements dans les terres agricoles et l'agro-industrie au Canada. Elle supervise les activités de Bonnefield dans toutes les unités commerciales, tout en étant directement responsable de la collecte de fonds, des relations avec les investisseurs et des activités liées à l'environnement, la santé et la sécurité. En outre, Andrea est responsable du développement de nouveaux produits et joue un rôle clé dans la stratégie à long terme de l'entreprise. Elle est membre des comités d'investissement de Bonnefield pour les terres agricoles et l'agro-industrie.

Andrea est une ancienne banquière d'investissement qui a acquis de l'expérience en matière de fusions et d'acquisitions dans de nombreux secteurs d'activité, notamment l'agriculture, l'exploitation minière et les institutions financières. Avant de travailler dans la banque d'investissement, Andrea a travaillé pour Risk Management Solutions, le leader mondial de la modélisation des risques de catastrophe, où elle a conseillé des clients du Royaume-Uni, de l'Union européenne et d'Asie dans les secteurs de l'assurance et de la réassurance.

Andrea est titulaire d'un MBA de la Booth School of Business de l'Université de Chicago, d'un MSc International Political Economy de la London School of Economics et d'un Bachelor of Public Affairs and Policy Management de l'Université de Carleton.