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Se préparer au changement: Principales priorités des régimes à prestations déterminées pour 2025
Alors que nous progressons en 2025 dans un environnement géopolitique et économique en constant changement, les régimes de retraite à prestations définies canadiens font face à un ensemble unique de défis et d'opportunités.
De nouveaux vents contraires économiques et de nouveaux risques élargissent déjà les responsabilités fiduciaires des administrateurs de régimes de retraite, et les régimes de retraite qui peuvent gérer et atténuer ces risques seront mieux positionnés pour tenir la promesse de retraite envers leurs membres. Les considérations clés pour les administrateurs de régimes de retraite incluent de nouvelles directives pour gérer les risques matériels, aborder le risque de longévité, identifier des opportunités pour utiliser efficacement les fonds excédentaires et, bien sûr, déterminer les meilleures approches pour naviguer dans les marchés modernes
Nouvelles lignes directrices et nouvelles responsabilités
L’Association canadienne des organismes de contrôle des régimes de retraite (ACOR) a publié un nouvel ensemble de lignes directrices décrivant les attentes des organismes de réglementation envers les administrateurs de régimes. L’une des lignes directrices publiées, la Ligne directrice no 10 de l’ACOR, présente des principes pour la gestion des risques importants liés aux régimes de retraite.
Elle cible en particulier les risques suivants :
- Risque de placement : Les placements ont toujours comporté un certain risque. Les administrateurs de régimes devraient aborder ce risque de manière systématique et transparente, en déterminant les catégories et le niveau de risque qu’ils sont prêts à accepter pour respecter leurs obligations en matière de retraite à l’égard des participants aux régimes.
- Risque lié aux facteurs ESG : Les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont de plus en plus pris en compte dans les décisions de placement. Cependant, alors que les gouvernements adoptent des normes environnementales plus strictes et que la société commence à exiger davantage des entreprises, les facteurs ESG peuvent également constituer une forme de risque de placement. Les régimes doivent déterminer si l’information relative aux facteurs ESG est pertinente pour leurs profils de risque et de rendement et agir en conséquence.
- Risque lié à la cybersécurité : L’économie étant désormais en ligne, toute organisation doit disposer d’un plan pour affronter les cybermenaces. Les organisations qui ne protègent pas adéquatement leurs systèmes informatiques et leurs données s’exposent à des risques de pertes financières, de perturbations opérationnelles et d’atteinte à la réputation. Les administrateurs de régimes doivent être conscients de ce risque et mettre en place une stratégie pour l’atténuer.
- Risque lié à l’effet de levier : Certains régimes ont recours à l’effet de levier dans le cadre de leurs stratégies de placement. Bien que certains types de leviers puissent contribuer à la gestion du risque d’inéquation entre l’actif et le passif, l’effet de levier s’accompagne aussi de difficultés potentielles telles que le risque de liquidité et le risque de contrepartie. Les régimes qui désirent utiliser l’effet de levier doivent également se doter d’une stratégie visant à atténuer les risques qui touchent les participants et les prestations promises.
- Risque lié aux tiers : Les administrateurs de régimes sont des fiduciaires. Ils assument l’ultime responsabilité de la surveillance et de la gestion des régimes, et ce, même lorsque des tâches sont déléguées à des fournisseurs tiers.
Pour se conformer à la Ligne directrice no 10 de l’ACOR, les administrateurs de régimes doivent élaborer un cadre de gestion des risques permettant de cerner et d’évaluer les risques importants susceptibles d’avoir une incidence négative sur la capacité des régimes de retraite à fonctionner comme prévu et à verser des prestations à leurs bénéficiaires.
Les risques importants doivent être gérés et surveillés au moyen de contrôles. À la lumière de cette analyse, une déclaration de gestion des risques écrite qui intègre l’appétit pour le risque, la tolérance au risque et les limites de risque pour l’administrateur de régime doit être rédigée. Il convient de revoir régulièrement le cadre de gestion des risques d’un régime de retraite afin d’assurer qu’il reste approprié et efficace pour gérer les risques auxquels le régime et ses participants sont exposés.
Périodes de versement plus longues en raison de l’allongement de l’espérance de vie
Les régimes de retraite ne sont pas seulement confrontés à des risques économiques, mais
aussi à des risques liés à l’évolution du mode de vie et de l’espérance de vie des participants.
Selon une nouvelle étude sur l’amélioration de la mortalité publiée par l’Institut canadien des actuaires (ICA) en 2024, l’espérance de vie des Canadiens devrait continuer à augmenter. L’ICA prévoit également publier en 2025 une nouvelle série de tables de mortalité de base, qui remplaceront les tables CPM actuelles publiées en 2014. Cette situation a des conséquences sur les régimes de retraite, qui doivent désormais verser des prestations pendant plus longtemps que prévu et, par conséquent, comptabiliser des passifs plus élevés.
En 2025, songez à mettre en œuvre un plan de gestion du risque de longévité en prenant les mesures suivantes :
- Réaliser des études de mortalité afin d’assurer un calcul du passif et un étalonnage appropriés;
- Envisager la souscription de rentes pour transférer le risque;
- Offrir des sommes forfaitaires aux participants ayant droit à une rente différée.
Utilisation judicieuse de l’excédent
Selon le plus récent indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite, le taux de capitalisation médian des régimes de retraite1 figurant dans notre base de données est de 122 % en date du 31 mars 2025. Cela signifie que, malgré les perturbations économiques, de nombreux régimes jouissent d’un excédent, probablement attribuable à la vigueur des marchés d’actions, au recul de l’inflation et à l’augmentation des rendements attendus des titres à revenu fixe.
Si votre régime de retraite a la chance de présenter un excédent, vous pouvez l’utiliser de manière productive :
- Congés de cotisations : Un congé de cotisations peut alléger la pression sur les flux de trésorerie des employeurs qui subissent des augmentations de coûts d’exploitation ou fournir davantage d’options de déploiement aux employeurs en général.
- Évaluations anticipées : Compte tenu des tempêtes économiques potentielles qui se profilent à l’horizon, le moment pourrait être propice à la réalisation d’une évaluation actuarielle anticipée. Vous pourriez ainsi fixer le niveau de capitalisation élevé de votre régime en 2024 et vous offrir une plus grande certitude en matière de cotisations pour les trois prochaines années.
- Bonification des prestations : Certains promoteurs de régimes pourraient choisir d’accorder aux retraités des augmentations de rente discrétionnaires en fonction de l’inflation. Cela pourrait donner un coup de pouce aux retraités dans un contexte de viabilité financière difficile.
Vous pourriez également envisager de conserver l’excédent à titre de réserve pour faire face aux situations défavorables à venir. L’économie canadienne est confrontée à des risques économiques réels, et un excédent pourrait vous aider à continuer à bénéficier d’une capitalisation robuste au cas où les marchés d’actions subiraient une baisse ou que votre passif augmenterait.
Adaptation de votre approche en fonction des marchés modernes
Alors que des turbulences économiques se dessinent à l’horizon, le moment est venu de passer en revue les actifs de votre régime et de vous assurer qu’ils sont prêts en vue des changements à venir. En 2025, envisagez de prendre les mesures suivantes :
- Assurez-vous que votre stratégie d'investissement est bien alignée avec les objectifs et les horizons temporels du plan. Il peut être opportun de revoir votre répartition d'actifs en effectuant une analyse de modélisation des actifs et des passifs (ALM) et en soumettant vos portefeuilles à des tests de résistance face à des scénarios défavorables.
- Reconsidérez le rôle des obligations au sein de votre portefeuille en vue d’un environnement de taux d'intérêt potentiellement changeant.
- Faites attention au risque de concentration sur les marchés publics
- Considérez les marchés privés car leurs profils de rendement peuvent être différents de ceux des marchés publics, ce qui constitue une source de diversification intéressante. Gardez toutefois un œil sur la liquidité.
Un examen approfondi des actifs de votre plan est essentiel pour garantir la préparation et la résilience face au changement.
Nouveaux défis et nouvelles opportunités
De nouvelles perturbations économiques et de nouveaux risques viennent accroître les responsabilités fiduciaires des administrateurs de régimes de retraite. Néanmoins, la situation présente aussi de nouvelles opportunités.
L'importance d'une gestion efficace des risques en ces temps ne peut être surestimée. En adoptant de nouvelles directives, en abordant les risques de longévité, en utilisant judicieusement les fonds excédentaires et en adaptant les stratégies d'investissement aux conditions modernes du marché, les administrateurs peuvent renforcer la résilience de leurs plans et s'assurer qu'ils respectent leurs obligations envers les membres.
Note de bas de page
1 Indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite : https://www.mercer.com/fr-ca/insights/retirement/mercer-pension-health-pulse/mercer-pension-health-pulse-q1-2025/
Bill Watson, Membre du partenariat, Chef des services PD, Mercer
Basé au bureau de Mercer à Toronto, Bill est Membre du partenariat et fait partie de l’équipe Avoirs de Mercer. En plus d'être membre de l'équipe de direction canadienne, Bill est gestionnaire de relations et conseiller en retraite pour plusieurs clients réglementés au niveau provincial et fédéral. En tant que Chef des Services PD, Bill est responsable du développement et du soutien de tous les services et produits de conseil aux clients liés aux régimes de prestations définies. Bill soutient l'innovation et le développement de solutions stratégiques qui aideront les clients à gérer leurs régimes de retraite à prestations définies en accord avec leurs objectifs. En tant que gestionnaire de relations, Bill aide ses clients à comprendre et à résoudre les divers problèmes qui s'appliquent à leurs programmes de retraite et d'épargne pour les employés. Bill est titulaire d'un baccalauréat en mathématiques de l'Université de Waterloo et est Fellow de la Society of Actuaries et de l'Institut canadien des actuaires.