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Moderniser les régimes de retraite canadiens : le chemin vers la transformation technologique

Par Cynthia Shaw-Pereira, vice-présidente et cheffe, Segment pour propriétaires d’actifs de CIBC Mellon
avril 30, 2025

À une époque où les données dictent la prise de décisions et où les attentes des parties prenantes sont élevées, les régimes de retraite canadiens se dirigent vers une transformation. Confrontés à la complexité de la gestion de vastes quantités de données, du traitement des attentes des parties prenantes et de l’adaptation à un monde de plus en plus numérique, ces plans de transformation dépassent le cadre traditionnel pour adopter des technologies de pointe. Cette modernisation n’est pas seulement un changement d’outils, elle représente un changement de paradigme dans le fonctionnement, la gestion des risques et la recherche de croissance durable des régimes de retraite.

Le défi du déluge de données dans la gestion interne des actifs

L’un des principaux défis auxquels font face les régimes de retraite canadiens au cours de leur modernisation est la gestion et l’utilisation des vastes volumes de données produites à l’interne. Bien que l’intégration des fonctions de gestion d’actifs à l’interne procure un meilleur contrôle et réduise possiblement les coûts, elle comporte également des obstacles particuliers. Le principal est la gestion efficace des données.

L’abondance de données provenant de sources diverses, comme les renseignements sur les marchés, les rapports financiers et les indicateurs de rendement clés des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), présente un défi considérable. Selon les recherches sur les propriétaires d’actifs de CIBC Mellon, 24 % des répondants au sein des régimes de retraite ont indiqué que la gestion des données était leur plus important problème de gestion des actifs à l’interne. De plus, 22 % considèrent qu’il s’agit d’un obstacle secondaire important. Le volume et la complexité considérables des données nécessitent non seulement une organisation efficace, mais aussi des capacités techniques et analytiques qui permettent d’extraire, de traiter et de transformer les données en renseignements exploitables. Sans la bonne infrastructure, ces magasins de données risquent d’être accablants et inutilisables.

De nombreux plans voient dans les défis liés aux données une preuve du besoin urgent d’investir dans des technologies qui peuvent rationaliser ces processus. Sans combler ces besoins, il peut être difficile d’avoir l’agilité nécessaire pour réagir aux conditions du marché, prendre des décisions de placement éclairées et s’acquitter de ses obligations fiduciaires.

Adoption de la technologie : un changement de paradigme

La technologie est devenue la pierre angulaire des efforts de modernisation qui ont lieu au sein des régimes de retraite canadiens, introduisant des changements transformateurs qui produisent à la fois des occasions et des complexités. 60 % des répondants à nos recherches ont fait état de changements importants dans leur approche à l’égard de la technologie et de la stratégie de données, ce qui signifie une reconnaissance claire du rôle de la technologie dans l’optimisation des décisions de placement et la satisfaction des demandes modernes.

Plus qu’une simple tendance, ce changement est nécessaire pour demeurer concurrentiel et réactif. Pour soutenir cette transformation, 40 % des régimes de retraite ont élargi leurs équipes technologiques internes, ce qui témoigne d’un effort à l’échelle du secteur pour tirer parti des capacités internes. Ces changements indiquent que les régimes de retraite canadiens mettent de l’avant l’innovation, car ils doivent composer avec la complexité du contexte financier actuel.

Pourtant, même si la technologie offre un potentiel immense, elle exige également un engagement continu envers le perfectionnement et l’adaptation. Chaque avancée s’accompagne de nouveaux défis, allant du besoin d’intégration aux systèmes existants jusqu’au travail à faire pour s’assurer que les renseignements fondés sur les données sont fiables et exploitables. Les régimes de retraite doivent trouver un équilibre entre la promesse d’innovation technologique et les réalités de la mise en œuvre, ce qui nécessite souvent des investissements importants en ressources et en personnel pour obtenir les résultats souhaités.

Les données sont au cœur de la production de rapports pour les parties prenantes

Un autre aspect de la modernisation est le rôle de la technologie dans la production de rapports pour les parties prenantes. Les parties prenantes s’attendent aujourd’hui à un niveau élevé de transparence et de responsabilité, et exigent des rapports opportuns et exhaustifs qui reflètent le rendement, la stratégie et la conformité à la réglementation du régime de retraite.

Toutefois, la production de rapports uniformes et exploitables est une chose plus facile à dire qu’à faire. L’enrichissement des données, qui comprend des processus comme l’ajout de renseignements et la réalisation d’analyses des tendances, demeure un obstacle important. En fait, 26 % des répondants ont indiqué que l’enrichissement des données était le principal obstacle à la production de rapports efficaces pour les parties prenantes. Les problèmes de suivi, d’uniformité et d’intégration des données compliquent davantage ce processus, et 24 % des répondants les mentionnent comme des défis clés.

Ces difficultés soulignent la nécessité de systèmes qui regroupent l’information provenant de multiples sources afin d’assurer l’exactitude et l’uniformité des données. L’intégration des données et les technologies de gestion, y compris l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, commencent à faire des percées dans le domaine. Toutefois, l’adoption de l’IA se fait encore avec prudence. Seule une petite fraction des régimes de retraite ont intégré des outils d’IA comme ChatGPT pour la production de rapports aux parties prenantes, probablement en raison du caractère précoce de ces technologies dans le secteur.

La transition vers l’automatisation et le traitement intelligent des données reflètent un mouvement plus vaste du secteur vers l’utilisation de la technologie non seulement comme outil de soutien, mais comme composante de base du processus de production de rapports. Les régimes de retraite qui réussiront sur ce plan seront ceux qui peuvent trouver un équilibre entre les besoins complexes en matière de conformité réglementaire, les attentes des parties prenantes et les défis techniques de l’intégration des données.

Les obstacles de l’accès aux données et la nécessité de l’automatisation

Pour les régimes de retraite canadiens, le chemin vers la modernisation est pavé des défis liés aux données, en particulier en ce qui a trait à l’accessibilité des données. Bien qu’il soit essentiel de recueillir et d’entreposer des données, ce n’est que la première étape. La véritable valeur des données réside dans leur disponibilité et leur utilité, surtout lorsque des décisions urgentes doivent être prises.

Selon les propriétaires d’actifs canadiens, 62 % des régimes de retraite ont indiqué que les longs délais de traitement sont le principal obstacle à l’accès aux données dont ils ont besoin pour prendre des décisions. Ce retard dans l’extraction des données peut nuire à la prise de décisions en temps opportun, un revers crucial dans un contexte de marchés financiers dynamiques. De plus, 38 % des répondants ont indiqué que l’incohérence des données nuit à leur capacité d’extraire des renseignements fiables à partir des ressources disponibles.

Les interventions manuelles demeurent un autre obstacle, soulevé par 26 % des répondants. Ces processus fastidieux ralentissent les flux de travail et comportent des risques d’erreur humaine. Pour lutter contre ces problèmes, l’ensemble du secteur connaît une vague d’automatisation. L’automatisation des tâches qui s’appuient sur des données réduit au minimum l’apport humain et accélère le traitement des données, ce qui facilite l’accès à des données uniformes et leur utilisation pour la production de rapports et la planification stratégique des régimes de retraite.

En s’attaquant à ces obstacles, les régimes de retraite peuvent simplifier l’accès aux données et améliorer leur agilité décisionnelle. Face à une demande croissante pour un accès plus rapide et plus fiable aux données, les investissements dans l’automatisation et l’IA deviendront probablement un élément non négociable de la stratégie de modernisation des régimes de retraite.

Ce que l’avenir nous réserve : un équilibre entre tradition et innovation

Alors que les régimes de retraite canadiens poursuivent leur chemin vers la modernisation, ils doivent savoir se situer entre la tradition et l’innovation. L’intégration des technologies de pointe offre des possibilités sans précédent d’efficacité, de transparence et de durabilité. Néanmoins, ce processus nécessite également un changement de culture organisationnelle, un investissement dans de nouvelles compétences et un engagement envers l’apprentissage continu

Pour vraiment réussir, les régimes de retraite doivent adopter une approche tournée vers l’avenir, qui accepte la technologie non pas comme une solution temporaire, mais comme un élément de base de leurs activités. Ce parcours demande une évaluation continue des plus récentes innovations, de demeurer prêt à s’attaquer directement aux problèmes liés aux données et de faire preuve d’une volonté d’évoluer en réaction aux demandes des parties prenantes et aux pressions du marché.



Cynthia Shaw-Pereira, vice-présidente et cheffe, Segment pour propriétaires d’actifs de CIBC Mellon

Cynthia est responsable de l'établissement des priorités stratégiques pour le segment des propriétaires d'actifs de CIBC Mellon et des services pour les investisseurs institutionnels actifs sur le marché canadien. De plus, Cynthia travaille en étroite collaboration avec des clients sophistiqués afin de comprendre, d'identifier et de développer de nouvelles solutions, aidant ainsi CIBC Mellon à offrir des solutions aujourd'hui et à bâtir l'avenir en fonction des besoins des clients.

Elle possède près de 20 ans d'expérience dans les services d'actifs. Les rôles antérieurs de Cynthia au sein de l'entreprise mondiale BNY Mellon comprennent l'élaboration de solutions pour les clients en matière de produits et de services d'analyse du rendement et du risque, et la prestation de conseils sur l'espace environnemental, social et de gouvernance (ESG) sur le marché canadien.

Cynthia est titulaire d'un baccalauréat en commerce de l'Université de Toronto et de certificats en mesure du rendement des investissements (CIPM) et en investissement ESG du CFA Institute.  Elle est membre du groupe de travail de l'Association pour l'investissement responsable (AIR) de Toronto.