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Le capital naturel est-il la prochaine priorité de votre plan?

Par Darren Patrick, Directeur général, Gestion des relations avec la clientèle (Canada), MFS

Les changements climatiques et les émissions de carbone ont récemment retenu l’attention des gouvernements, des organisations non gouvernementales (ONG), des entreprises et du grand public, et avec raison. Mais nous devons nous méfier de la vision télescopique des émissions de carbone et adopter une vision plus globale des défis planétaires qui auront une incidence sur la stabilité de notre économie, de notre société et des systèmes de la planète. Nous croyons que le capital naturel pourrait être le prochain point d’intérêt lié aux facteurs ESG pour les régimes de retraite. Les investisseurs qui y participent de façon réfléchie pourraient en profiter en comprenant les risques et les occasions qui se présentent à l’ensemble du marché. Mais qu’est-ce que c’est et comment les comités des régimes de retraite peuvent-ils en évaluer l’incidence?

Le capital naturel est le stock mondial d’actifs naturels, y compris le sol, l’air, l’eau, les prairies, les forêts, les terres humides, les roches, les minéraux et tous les êtres vivants. Collectivement, ils fournissent des services écosystémiques vitaux comme l’eau pour l’agriculture, la filtration naturelle pour l’eau potable, la pollinisation des cultures, la séquestration du carbone et la protection contre les inondations et les tempêtes. Sur le plan monétaire, ces services sont évalués à 44 000 milliards de dollars américains par an et constituent la base de la moitié du PIB mondial.[i]

Pourquoi mettre l’accent sur le capital naturel maintenant?

Le capital naturel mérite d’être pris en compte et son lien avec les changements climatiques le rend d’autant plus important en ce moment. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, il faudra mettre fin à la perte de ressources naturelles. Les changements dans l’utilisation des terres et la foresterie représentent un peu moins du quart des émissions de gaz à effet de serre de source humaine.[ii] Les forêts et les océans absorbent de grandes quantités de dioxyde de carbone, mais cette capacité diminue en raison de l’acidification, de la perte de biodiversité et de la pollution plastique. À mesure que nous approchons de divers points de bascule, l’incidence de la dépréciation du capital naturel devient plus importante.

L’appréciation croissante du capital naturel pourrait avoir une incidence importante sur les paramètres économiques de nombreuses sociétés et, en tant qu’investisseurs, il nous incombe d’évaluer les risques et les occasions futurs et de les traduire en thèses de placement aujourd’hui. 

Comment évaluer l’incidence du capital naturel?

Notre équipe de placement a formulé un cadre en trois étapes pour analyser les risques et les occasions en matière de capital naturel pour les sociétés. 

L’équipe s’est d’abord concentrée sur le secteur de l’alimentation, en raison de sa forte dépendance au capital naturel par rapport à d’autres secteurs. Le secteur de l’alimentation est également celui qui a l’incidence la plus prononcée sur les ressources naturelles, en raison principalement des processus intensifs et industriels. La transition vers des formes plus durables de production alimentaire devrait également avoir une incidence sur les marges bénéficiaires. En l’absence d’une telle transition, la dépendance du secteur alimentaire au capital naturel et aux services écosystémiques le rend particulièrement vulnérable à la détérioration de la valeur dérivée de la nature. Cette situation a des répercussions sur les sociétés et les investisseurs du secteur de l’alimentation.

Étape 1 – Repérer les produits de base à risque élevé dans les chaînes d’approvisionnement et comprendre leurs répercussions sur la nature

L’incidence d’un produit de base sur la nature dépend de la quantité du produit de base produite, ainsi que de l’ampleur de la demande et de la fourchette et la portée des résultats négatifs qu’elle crée.

Nous avons d’abord cartographié les répercussions importantes sur le capital naturel des groupes alimentaires comme le bœuf, le riz, le maïs et l’huile de palme, par rapport au type de répercussion en jeu (dégradation du sol, pollution, rareté de l’eau et salinisation, perte de biodiversité et émissions provenant de l’utilisation des terres). 

Nous relevons ensuite les sociétés dans lesquelles nous investissons qui sont directement exposées de manière importante aux plus grandes répercussions et les chaînes d’approvisionnement dont elles font partie.

Étape 2 – Cartographier la chaîne d’approvisionnement, la consommation locale et les tensions liées aux ressources locales

Les répercussions sur le capital naturel sont souvent très localisées et dépendent de divers facteurs géographiques, notamment la rareté des ressources, la biodiversité, les politiques gouvernementales et les pratiques agricoles. Il est donc difficile d’évaluer les répercussions des chaînes d’approvisionnement mondiales. 

En plus de l’emplacement, la quantité d’un produit de base consommée localement et l’importance des ressources nécessaires à sa production ont aussi une incidence sur son coût en capital naturel. Par exemple, bien qu’il faille beaucoup plus d’eau pour produire de la viande que pour faire pousser du blé, le stress hydrique du blé en Inde est beaucoup plus élevé qu’aux États-Unis, car le blé est un élément fondamental du régime alimentaire indien et en raison de la forte pression hydrique dans les régions où le blé indien est cultivé. Les chaînes d’approvisionnement mondiales nous obligent donc à cartographier l’utilisation des ressources, la rareté locale et la contribution à l’alimentation locale.

Nous cartographions ensuite les placements propres à chaque société avant de passer à la dernière étape.

Étape 3 – Évaluer les secteurs sur lesquels nous devons concentrer nos efforts de gérance (produits de base à risque élevé et à forte incidence)

Ce cadre peut nous aider à déterminer où concentrer nos efforts d’analyse et de mobilisation. Par exemple, les notes les plus élevées de l’eau peuvent être plus importantes que les notes les plus faibles de la foresterie, car le stress hydrique peut représenter un risque plus important que la déforestation pour une société donnée. 

D’autres facteurs ESG hors de la portée de ce cadre influenceront également nos efforts d’engagement, car nous suivons les progrès réalisés par les sociétés et nos engagements continus au moyen d’un outil de mobilisation spécialisé.

Prochaines étapes pour les comités des régimes de retraite Le « E » d’ESG ne devrait pas se limiter aux changements climatiques.

Nous estimons que les comités des régimes de retraite devraient envisager de discuter du capital naturel avec leurs conseillers, y compris leurs gestionnaires de placements, car ils pourraient profiter d’une évaluation plus précise des occasions et des risques pertinents avant que l’ensemble du marché puisse le faire. Cela dit, nous sommes conscients que les membres des comités ont beaucoup de pain sur la planche en ce qui a trait aux exigences réglementaires, et bon nombre de conseillers eux-mêmes en sont au début de leur courbe d’apprentissage.

Nous sommes d’avis que le capital naturel, de même que les services écosystémiques qu’il offre, présentent un risque systémique important, mais aussi des occasions dans plusieurs secteurs clés. Il est plus difficile d’évaluer ces risques que ceux associés aux changements climatiques, mais il est encourageant de constater que plus de dialogues commencent à se nouer à ce sujet. Bien que les données ne soient toujours pas disponibles ou demeurent de piètre qualité, des organisations comme The Science Based Targets Network (SBTN) et Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD) commencent à prendre de l’ampleur, en offrant un cadre plus structuré pour évaluer le capital naturel. 

Nous espérons être en mesure de vous faire part de plus amples renseignements à ce sujet au fur et à mesure que nous progresserons dans notre parcours. Consultez le site mfs.com/sustainability pour en savoir plus sur ce sujet et d’autres renseignements liés aux facteurs ESG.


Références

[i] WEF New Nature Economy Report, 2020.

[ii] UNFCCC Introduction to Land Use.

Sachez que l’évaluation des implications relatives au capital naturel n’est pas garante de bons résultats et que tous les placements, y compris ceux qui intègrent des facteurs ESG au processus de placement, comportent certains risques, et notamment la possibilité de perdre le capital investi. 

 Ni MFS ni aucune de ses filiales n’est affilié à l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite (ACARR).

Les points de vue exprimés peuvent être modifiés sans préavis. Ces points de vue sont fournis à titre indicatif seulement et ne doivent pas être considérés comme des conseils en placement, des recommandations de titres ou une indication d’intention de négociation à l’égard de tout produit de placement de MFS.

Sauf indication contraire, les logos ainsi que les noms des produits et services sont des marques de commerce de MFSMD et de ses sociétés affiliées, qui peuvent être déposées dans certains pays.

Distribué par : MFS Gestion de Placements Canada Limitée. Aucune commission des valeurs mobilières ni aucun organisme de réglementation analogue au Canada n’ont passé en revue le présent document.

RÉSERVÉ AUX INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS ET AUX PROFESSIONNELS DES PLACEMENTS

Darren Patrick, Directeur général, Gestion des relations avec la clientèle (Canada), MFS

Darren Patrick, CFA, est directeur général de la gestion des relations au sein du Global Client Group de MFS Investment Management® (MFS®). En tant que chef de l'équipe canadienne de gestion des relations, il travaille avec des clients dans tout le Canada et est chargé de leur communiquer le positionnement de leur portefeuille et de les aider dans leur stratégie de placement à long terme. Il rencontre les clients pour partager des idées d'investissement, évaluer les opportunités du marché et discuter de toute question liée aux investissements et aux affaires. Il est basé à Vancouver.

Avant de se joindre à la MFS en 2015, Darren était directeur, Capital privé et conseil chez Promerita Group. Auparavant, il a passé huit ans chez Aon Hewitt à Vancouver en tant que chef de marché commercial, région Pacifique et conseiller principal en investissement. Il a également été consultant chez Towers Watson et directeur des relations avec les investisseurs et de la trésorerie chez TELUS. Il a commencé sa carrière dans le secteur en 1998 en tant qu'analyste au sein du groupe des services bancaires d'investissement de BMO Nesbitt Burns.

Darren a obtenu un baccalauréat en commerce avec mention en finance et un baccalauréat en sciences avec spécialisation en mathématiques de l'Université du Manitoba. Il est membre du CFA Institute et de la CFA Society Vancouver.