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Évolution de la répartition de l’actif : mise en œuvre d’une approche globale de gestion du portefeuille

Par James Davis, Directeur des investissements, OPTrust

La répartition stratégique de l’actif est une approche classique de placement par laquelle le conseil d’administration choisit une politique de composition de l’actif et des indices de référence de classes d’actifs. Les gestionnaires de placement assemblent alors des portefeuilles de classes d’actifs dans le but de les faire fructifier en dépassant l’indice de référence de chaque classe. 

Cette stratégie donne lieu à une approche cloisonnée de la gestion et met l’accent sur les différents postes plutôt que sur l’approche globale de gestion du portefeuille souhaitée. De plus, dépasser l’indice de référence d’une classe d’actifs contribue au succès des placements, mais sans le définir vraiment. Pour les investisseurs de fonds de retraite, le véritable gage de succès consiste à remplir la promesse de pension envers les participants, telle qu’elle est reflétée par la capitalisation du régime.

Dès lors, quelle est la solution de rechange à la répartition stratégique de l’actif? Une approche globale de gestion du portefeuille. 

Bien que cette approche prenne différentes formes en fonction du régime de retraite, elle vise principalement à aligner les objectifs des équipes de placement sur les intérêts des parties prenantes en les incitant à générer des rendements généraux à un niveau de risque cohérent avec le passif du régime. Cela signifie donc faire passer le versement des pensions en priorité, avant le dépassement des indices de référence. 

L’approche globale de gestion du portefeuille encourage les équipes de placement à répartir en totalité les ressources limitées comme le risque et la liquidité en vue d’obtenir les rendements requis pour remplir la promesse de pension. Quoique les trois dimensions du placement que sont le rendement, le risque et la liquidité soient aussi prises en compte dans le cadre d’une approche plus classique, les équipes de placement sont limitées par les indices de référence que nous utilisons pour la composition de l’actif. Avec l’approche globale de gestion du portefeuille toutefois, le conseil établit l’objectif de placement, le niveau de tolérance au risque et une vaste fourchette de classes d’actifs, laissant à l’équipe de gestion toute latitude pour répartir l’actif. Cette dernière peut ainsi aller au-delà de la simple gestion de l’écart de suivi et disposer d’une flexibilité accrue pour répartir la liquidité et le risque entre les meilleures occasions de placement, compte tenu des conditions du marché. En ce sens, une approche globale de gestion du portefeuille est plus dynamique.

Voici quelques réflexions sur la façon dont nous entendons mettre cette approche en œuvre. Certains des éléments exposés ci-après sont déjà mis en pratique, alors que d’autres sont dans notre viseur :

  1. Notre but premier n’est pas d’atteindre ou de dépasser le rendement prévu d’une composition d’actifs classique, mais plutôt de concevoir un portefeuille global qui nous permet d’atteindre nos objectifs de capitalisation du régime à un niveau de risque acceptable. Nous bâtissons un portefeuille en tenant compte du passif du régime et avons la flexibilité nécessaire pour nous ajuster selon l’évolution de la situation financière du régime et des conditions du marché. 
  2. Dans notre portefeuille, nous visons avant tout à répartir efficacement les ressources limitées, soit le risque et la liquidité, entre des actifs et des stratégies qui, ensemble, nous fournirons les meilleures chances d’atteindre notre objectif de placement. Nous commençons par les actifs illiquides – qui recèlent pour nous le meilleur potentiel de création de valeur – puis nous augmentons le risque avec des actifs liquides et des stratégies en vue d’atteindre le profil global de risque-rendement souhaité du portefeuille. 
  3. Chaque stratégie ou actif est affecté à un sous-portefeuille dont le but est bien défini. Ainsi, les équipes de placement peuvent constater l’impact de leurs décisions sur nos objectifs généraux. Par exemple, nous gérons la sensibilité de notre passif aux taux d’intérêt à l’aide d’un portefeuille personnalisé, axé sur la couverture du passif. Il est conçu pour performer en regard de notre passif et non en regard d’un indice obligataire de référence; son succès est donc mesuré en conséquence. Notre portefeuille axé sur le rendement et celui axé sur l’atténuation des risques s’accompagnent également d’objectifs sur mesure qui contribuent à produire les rendements dont nous avons besoin pour payer les pensions tout en gérant efficacement les risques. 
  4. Nous analysons diverses mesures pour évaluer notre performance et, bien que les indices de référence soient utiles dans certains cas, nous préférons mettre l’accent sur l’ensemble des mesures de la caisse comme la capitalisation du régime et sa performance, en les comparant à celles d’un portefeuille de référence à niveau de risque comparable, simple, passif et à frais peu élevés. Nous développons des mesures personnalisées, adaptées et en lien avec les objectifs de nos sous-portefeuilles, nommément la couverture du passif, le rendement et l’atténuation du risque, et nous croyons que ces points sont des indicateurs de performance plus pertinents et révélateurs que les indices de référence des classes d’actifs. 
  5. Les facteurs de risque, soit les causes sous-jacentes du risque-rendement parmi les classes d’actifs, nous aident à déterminer où sont concentrés les risques. L’immobilier, par exemple, comprend à la fois un risque sur capitaux propres et un risque de taux d’intérêt, en plus de facteurs qui lui sont particuliers. Il est important de considérer les classes d’actifs dans le contexte global de notre portefeuille, d’en évaluer les vecteurs de rendement sous-jacents et de les gérer en conséquence. Grâce à l’approche globale de gestion du portefeuille, il nous est plus facile de gérer l’exposition générale aux facteurs de risque en réponse aux conditions du marché, sans être distraits par les contraintes associées à l’écart de suivi. 
  6. L’approche globale de gestion du portefeuille encourage la collaboration entre les équipes et évite les vases clos. La répartition de l’actif n’en est que plus transparente. Par ailleurs, cette approche nous permet de déceler des occasions de placement qui ne s’inscrivent pas dans les classes d’actifs existantes, comme souvent dans le cadre d’une répartition stratégique classique de l’actif. 

Nous sommes convaincus que les participants du régime seront mieux servis par une approche globale de gestion du portefeuille qui lie étroitement les objectifs et les incitatifs de notre équipe de gestion à leurs intérêts : assurer la pérennité du régime. En donnant à une équipe de placement la responsabilité globale du rendement et du risque du portefeuille plutôt que celle de sa performance relative par rapport à une composition de l’actif, nous l’incitons à changer ses manières de faire pour contribuer davantage au succès de la capitalisation à long terme du régime et pour mieux servir les intérêts des participants.

James Davis, Directeur des investissements, OPTrust

James C. Davis est directeur des investissements d'OPTrust, l'un des plus grands fonds de pension du Canada avec un actif net de près de 25 milliards de dollars et des professionnels de l'investissement à Toronto, Londres et Sydney.  

James a rejoint OPTrust en 2015. Il dirige la stratégie d'investissement de l'organisation et supervise son portefeuille diversifié à travers le monde avec des marchés de capitaux, des capitaux privés, des infrastructures et des actifs immobiliers en Amérique du Nord, en Europe, en Asie développée et sur les marchés émergents.

James a plus de 30 ans d'expérience en matière de planification stratégique des investissements, de gestion des risques et de leadership. Avant de rejoindre OPTrust, il a occupé le poste de vice-président de la stratégie et de la répartition des actifs et d'économiste en chef du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario.

James est passionné par la sécurité du revenu de retraite et ses domaines d'intérêt comprennent la stratégie d'investissement et la conception de portefeuille, la macroéconomie mondiale et l'investissement systématique, la création de valeur sur les marchés privés, l'investissement guidé par le passif, l'investissement responsable et la culture de l'équipe d'investissement.

James a également été président de FuturesTrend Capital Corporation à l'Île-du-Prince-Édouard et vice-président et chef de la division Global Fixed Income & Currencies de RBC Global Investment Management à Toronto. Avant d'entamer une carrière dans l'investissement, il a travaillé comme météorologue à Environnement Canada.

En plus de ses diplômes en mathématiques et en météorologie, James est titulaire d'un MBA en finance de l'université de Dalhousie et détient le titre de CFA.