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Atténuation du risque de change caché dans les portefeuilles mondiaux

Par Kellen Jibb, Solutions, Services de marché, RBC Services aux investisseurs

Les propriétaires et les gestionnaires d’actifs sont confrontés à des défis majeurs lorsqu’ils cherchent à générer de l’alpha, à diversifier leurs placements ou leurs stratégies et à gérer le risque de leurs portefeuilles mondiaux de placements. Dans le même temps, la volatilité des marchés des actions et des titres à revenu fixe, l’incertitude permanente entourant les décisions des banques centrales, la multiplication des conflits géopolitiques et les élections qui en découlent mettent à l’épreuve la détermination des propriétaires et des gestionnaires d’actifs, y compris des plus téméraires d’entre eux. 

Dans ce contexte exigeant, la volatilité sur le marché des changes peut entraîner de graves répercussions sur les rendements d’un fonds, notamment ceux des régimes de retraite qui ont l’obligation de verser périodiquement des prestations à leurs bénéficiaires. Des facteurs autres que les résultats individuels des titres, en particulier les taux de change mondiaux, peuvent nuire aux rendements et engendrer un risque supplémentaire pour un portefeuille mondial. Les stratégies de couverture du risque de change permettent de continuer à investir sur les marchés mondiaux tout en réduisant l’incertitude sur les taux de change.

Comprendre la couverture du risque de change

Dans tout fonds qui comporte des titres dont la devise d’origine est différente de celle du fonds, la dépréciation de la devise étrangère par rapport à la devise de base peut réduire les rendements totaux, quel que soit le rendement de l’actif sous-jacent. La couverture du risque de change repose sur une série de swaps de change et de contrats de change à terme renouvelables à l’échéance et vise à atténuer les effets des fluctuations des devises. Lorsqu’elle est bien exécutée, la couverture de change générera des incidences positives qui compenseront les baisses de taux de change. Cette couverture permet aux propriétaires et aux gestionnaires d’actifs de se concentrer sur la sélection des titres plutôt que sur le marché imprévisible des changes qui brasse 7,5 billions de dollars US par jour.1 

Une fois qu’un gestionnaire décide de couvrir le risque de change, il dispose d’un éventail d’options d’exécution. Certains gestionnaires adopteront une stratégie de couverture active, en anticipant les fluctuations futures des devises et en couvrant leur exposition au risque de change en conséquence, tout en essayant aussi de générer un rendement supplémentaire. D’autres retiendront une approche passive, en utilisant un ensemble de paramètres stricts pour couvrir régulièrement une partie ou la totalité de leurs actifs mondiaux. 

Les stratégies de couverture sont tout aussi individuelles que les stratégies de placement. Certains gestionnaires combinent des éléments de couvertures passive et active. D’autres préfèrent être uniquement exposés au rendement intrinsèque des titres et choisissent de couvrir le risque de change de la totalité de leur portefeuille mondial. D’autres gestionnaires, en particulier ceux qui investissent à long terme dans les actions, estiment que les taux de change finiront par revenir à leurs valeurs moyennes à long terme et décident de ne pas couvrir leurs portefeuilles. La couverture de change ne s’adresse probablement pas à tous les investisseurs. Toutefois, ceux qui adoptent cette approche peuvent la mettre en œuvre de différentes façons. 

Mettre en œuvre une stratégie de couverture

La stratégie de couverture varie selon les catégories d’actif, la tolérance au risque et le type d’investisseur. Les gestionnaires d’actifs, notamment les gestionnaires de titres à revenu fixe dont les rendements ont tendance à être plus réguliers mais inférieurs, couvriront généralement la totalité de leurs portefeuilles, les fluctuations des devises pouvant avoir un effet disproportionné sur les rendements. Ces gestionnaires demanderont souvent à un cambiste d’exécuter leurs opérations lorsque l’évolution des cours des devises sera favorable aux fonds. 

En outre, certains gestionnaires d’actifs proposeront aux investisseurs des catégories d’actions couvertes dans plusieurs devises de base. Ils commercialiseront leurs stratégies les plus efficaces dans des devises différentes de celle de leurs principaux fonds. Ce type d’offre se multiplie de plus en plus, et on l’observe notamment lorsque la devise de base des investisseurs d’un fonds est, par exemple, le dollar canadien, mais que ce fonds comporte des titres internationaux. Comme les catégories d’actions couvertes sont généralement structurées et doivent être intégralement couvertes, le gestionnaire de portefeuille ou le négociateur n’a souvent aucun, ou que peu, d’arbitrage à prendre. Pour de telles stratégies, l’option privilégiée est souvent de faire appel à un gestionnaire de devises spécialisé.

En revanche, les propriétaires d’actifs ont tendance à employer des stratégies différentes. Avec des bénéficiaires à payer et des exigences plus strictes de gestion du risque, bon nombre d’entre eux choisissent de couvrir la majorité ou la totalité de leurs portefeuilles mondiaux. Les régimes de retraite délèguent généralement la sélection des titres à des gestionnaires de portefeuille tiers, mais restent autonomes en ce qui concerne la couverture du risque de change. Ce risque est géré au sommet de la pyramide, où des comités de placement demanderont à couvrir l’exposition à certaines devises étrangères. Compte tenu de ces approches de couverture fondées sur des règles, une autre option efficace est de s’associer à un cambiste de confiance proposant une solution d’externalisation de la couverture de change, aussi appelée gestion spécifique du risque de change.

Choisir un partenaire pour la couverture de change

Une fois que la décision de couvrir est prise et que la stratégie sélectionnée est validée, il ne reste qu’à trouver le bon partenaire pour mettre en œuvre la solution envisagée. Qu’il s’agisse de choisir une contrepartie directe qui propose une tarification concurrentielle et une exécution rapide, ou une solution externalisée pour mettre en œuvre une couverture de change passive, il est essentiel de trouver un partenaire expérimenté et spécialisé en couverture du risque de change. La première étape logique est de sélectionner un partenaire doté d’une expertise du marché et d’une technologie évolutive, surtout lorsqu’une solution externalisée est envisagée. La capacité à se développer et à s’adapter à la croissance des actifs est un autre élément clé à prendre en considération.

Le choix d’un partenaire offrant plusieurs solutions (comme l’externalisation complète, un modèle hybride ou une contrepartie directe) permet aux gestionnaires et aux propriétaires d’actifs d’adopter une approche personnalisée et adaptée à leurs besoins. Il n’existe pas de solution universelle en matière de couverture du risque de change. Il est donc important de choisir un prestataire capable de mettre en œuvre différentes stratégies. Ainsi, les gestionnaires n’auront plus qu’un point de contact unique, qu’une seule source d’information et qu’une seule convention régissant les honoraires pour leurs opérations de change. Trouver un partenaire qui dispose de l’expérience et d’atouts uniques dans le règlement des opérations de couverture constitue la dernière pièce du casse-tête. Les couvertures de change portent souvent sur des montants de notionnel importants. Un règlement en temps opportun limite le risque associé à l’utilisation des swaps et des contrats à terme sur devises. 

Gérer le risque associé aux placements mondiaux

Tout rendement comporte des risques. Les stratégies de placement à l’échelle mondiale deviennent des instruments essentiels pour permettre aux propriétaires et aux gestionnaires d’actifs de maximiser leurs rendements et de diversifier leurs portefeuilles. Toutefois, les placements effectués sur les marchés étrangers introduisent un facteur hautement imprévisible, celui de la volatilité des taux de change. Les propriétaires et les gestionnaires d’actifs peuvent atténuer ce risque en choisissant une stratégie de couverture de change efficace qui correspond à leur tolérance au risque et en s’associant à un prestataire de service spécialisé dans ce domaine. Ils ouvrent ainsi leurs portefeuilles à de nouveaux marchés et à de nouvelles occasions.



1 Bloomberg News, 11 mars 2024

Kellen Jibb, Solutions, Services de marché, RBC Services aux investisseurs

Kellen Jibb fait partie de l’équipe Solutions, Services de marché de RBC Services aux investisseurs. Il est spécialisé dans les ventes techniques de produits de change et la gestion relationnelle. Auparavant, Kellen Jibb a travaillé pendant quatre ans au Bureau de vente et de négociation, Opérations de change en direct. Il est titulaire d’un baccalauréat ès sciences avec une spécialisation en chimie bio-organique et en économie de l’Université McGill.