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Améliorer l’exécution des opérations de change – et le rendement des fonds

Par Glenn Pangilinan, directeur associé, Produits de change, RBC Services aux investisseurs et de trésorerie

Dans le domaine de la gestion des devises et de l’exécution des opérations de change, une approche fragmentée peut nuire au rendement attendu par les propriétaires d’actifs et les gestionnaires de fonds. Glenn Pangilinan, Directeur associé, Produits de change, RBC Services aux investisseurs et de trésorerie, nous fait part de ses observations sur les occasions d’améliorer l’exécution des opérations de change.

Le meilleur prix n’est pas forcément le meilleur choix

Les coûts liés aux opérations de change sont souvent invisibles pour les propriétaires d’actifs, mais ils peuvent avoir une incidence négative sur le rendement des fonds. À présent que de plus en plus de sociétés sont soumises à des exigences d’exécution au mieux, le secteur prend conscience des répercussions qu’une gestion des devises sous-optimale ou une exécution inefficace peuvent avoir sur le rendement des placements. Mais il reste beaucoup à faire.

Le secteur prend conscience des répercussions qu’une gestion des devises sous-optimale peut avoir sur le rendement des placements

En tant que première étape, de nombreux gestionnaires ont recours à l’analyse des coûts de transaction pour évaluer leur exécution des opérations de change et vérifier comment ils se situent par rapport aux conditions d’exécution du marché. C’est un bon début, mais un niveau d’analyse supplémentaire est nécessaire, tel qu’élaboré ci-dessous. Ce point est particulièrement important, étant donné que les placements des propriétaires d’actifs sont de plus en plus diversifiés entre de multiples gestionnaires de fonds, et que par conséquent la gestion des devises est plus fragmentée.

Même si d’après l’analyse des coûts de transaction, on obtient des prix concurrentiels pour chaque exécution d’opération de change prise individuellement, la fragmentation de la gestion des devises, de manière générale, peut annihiler les gains liés aux prix concurrentiels. Et c’est quelque chose que les propriétaires d’actifs, à ce stade, n’intègrent pas suffisamment dans leur réflexion sur le rendement de leurs actifs.

La fragmentation et les écarts de change nuisent aux rendements

Du fait que les propriétaires d’actifs continuent de diversifier leurs placements en ayant recours à un plus grand nombre de gestionnaires de fonds et de stratégies de placement, ils font face à de plus en plus d’écarts dans leurs positions. Par exemple, les propriétaires peuvent avoir une position longue sur une certaine devise dans le cadre d’une opération de change réalisée avec un gestionnaire de fonds particulier, et une position courte sur l’autre devise auprès d’un autre gestionnaire. S’il n’existe pas de coordination entre les deux gestionnaires, le propriétaire de l’actif peut perdre l’écart acheteur-vendeur exécuté par les deux gestionnaires, même si chaque gestionnaire démontre l’application d’une exécution au mieux.

L’envolée de la volatilité des marchés, à la suite des changements de politique des banques centrales pour juguler les tensions inflationnistes, nuit également au rendement de l’exécution des opérations de change. Une volatilité plus élevée durant la journée de négociation implique un plus grand risque d’écarts importants aux divers moments où sont réalisées les exécutions tout au long de la journée. Ces coûts, engagés à différents moments et intégrés dans les prix d’exécution, peuvent être difficiles à dissocier et ne sont pas faciles à prendre en compte dans l’analyse des coûts de transaction. Ils peuvent manquer de transparence, à moins que les propriétaires et les gestionnaires d’actifs plongent au plus profond de leurs données, procèdent à des analyses d’hypothèses ou aient recours à un service d’analyse d’exécution fourni par un tiers. C’est là que l’exécution centralisée entre en jeu.

Une volatilité de marché accrue nuit au rendement de l’exécution des opérations de change

L’exécution centralisée des opérations de change peut rehausser l’efficacité tout en limitant les coûts

Le fait de concentrer l’exécution des opérations de change avec une seule contrepartie peut être avantageux pour les propriétaires d’actifs. Cette méthode permet aux propriétaires de compenser leurs positions entre différents fonds, éliminant ainsi les écarts acheteur-vendeur entre les fonds. Son efficacité est équivalente à celle d’une opération unique et d’une exécution unique, contrairement aux exécutions multiples qui impliquent des écarts et des marges propres à chaque opération.

La compensation peut permettre aux propriétaires d’actifs et aux gestionnaires de fonds de centraliser le risque et de comprendre leur position ouverte nette, ainsi que leur profil de risque de change global, au lieu de mettre bout à bout des profils de risque fragmentés entre différents dépositaires. Le risque associé à la volatilité quotidienne peut également être géré de façon plus efficace, puisque les gestionnaires réduisent le risque lié à la volatilité et aux écarts en cours de journée en limitant les moments d’exécution durant la journée de négociation. Les gestionnaires peuvent compenser et exécuter les opérations pendant les heures de négociation les plus liquides, afin de bénéficier de conditions d’exécution concurrentielles tout en tirant parti des occasions de compensation.

La compensation peut permettre aux propriétaires d’actifs et aux gestionnaires de fonds de centraliser le risque

L’un des avantages moins visibles de l’exécution centralisée est qu’elle permet de mieux comprendre le rendement des différents placements. L’exécution centralisée donne une image plus fidèle des coûts réels associés à l’exécution des opérations de change. Une fois quantifiés, ces coûts peuvent être isolés afin de mieux refléter le véritable rendement des fonds. Les propriétaires d’actifs pourront comparer les fonds avec une plus grande précision, sur la base du véritable rendement.

L’amélioration de l’exécution des opérations de change passe par une volonté de changement

Il peut être difficile de convaincre les gestionnaires de fonds de centraliser l’exécution des opérations de change. Dans le cadre de la méthode d’exécution traditionnelle, les gestionnaires sont en relation avec des banques spécifiques qui peuvent être réticentes à perdre leur indépendance en matière de gestion des devises. Par conséquent, les propriétaires d’actifs auront un rôle majeur à jouer pour amener les gestionnaires à voir la centralisation comme une approche plus efficace.

Le fait d’avoir plusieurs banques en concurrence les unes avec les autres signifie que le gestionnaire de fonds obtient souvent un meilleur prix. Toutefois, il se peut que le gestionnaire ne réalise pas que le propriétaire des actifs détient des avoirs auprès de différents gestionnaires de fonds. Autrement dit, bien qu’un prix particulier puisse paraître avantageux, ce n’est peut-être pas la façon la plus efficace d’effectuer une opération de change. Une fois que cet aspect sera pris en compte, les propriétaires d’actifs commenceront probablement à inciter les gestionnaires à revoir leurs processus de change.

L’exécution centralisée des opérations de change peut procurer des avantages considérables 

En leur qualité d’« agents de changement » incitant à centraliser les opérations de change, les propriétaires d’actifs devront travailler en étroite collaboration avec leurs gestionnaires de fonds afin de tirer parti de la technologie et des autres ressources nécessaires à un modèle centralisé. Les grands gestionnaires dotés d’une technologie et d’une diversité des placements leur permettant de tirer immédiatement profit de cette approche seront probablement des chefs de file en matière de centralisation des opérations de change. Bien que la centralisation de l’exécution soit plus difficile à mettre en place pour les gestionnaires de petite taille, ces derniers ont la possibilité d’externaliser l’exécution des opérations de change en tirant parti des économies d’échelle offertes par les grandes institutions. 

Glenn Pangilinan, directeur associé, Produits de change, RBC Services aux investisseurs et de trésorerie

M. Pangilinan est responsable de la gestion des produits de change et de l’élaboration des stratégies au Canada, au sein de RBC Services aux investisseurs et de trésorerie. Il compte plus de 10 ans d’expérience dans le domaine du change, notamment les opérations, la négociation et la gestion du risque. M. Pangilinan est titulaire d’un baccalauréat ès arts de l’Université de la Colombie-Britannique et d’une maîtrise en sciences de la London School of Economics.